-La Mine à Evin-Malmaison

      

Un sondage à EVIN-MALMAISON :

Le 12 mai 1849, Auguste GAMBIER, maire d’EVIN-MALMAISON accompagnait Louis-Philippe DELELLIS, ingénieur de la Compagnie Charbonnière de la SCARPE, sur une pièce de terre au lieu-dit « LES TRINQUINS » tenant, au Nord, au chemin du PONT A DECHY, où l’on procéda à un sondage préliminaire « aux travaux nécessaires à l’ouverture d’une fosse au charbon ».

Le 10 juin 1849, on mesura la profondeur d’un autre sondage, entrepris le 22 janvier de la même année, au lieu dit « LE TERROIR D’EN HAUT », sur une pièce de terre tenant au filet VILAIN, reprise au cadastre sous le numéro 141. Ce sondage apprit que l’on trouvait à cet endroit des sables mouvants à 3,50 m de profondeur, de la craie blanche à 20,30m, de la craie grise à 55m, des dièves –c’est-à-dire des marnes dures imperméables –à 94m et, enfin, du charbon à 166m.
Les ingénieurs découvriront plus tard que le terrain houiller, formé de grès et de schistes avec des passages de veines de charbon a ‘sous le terroir d’EVIN-MALMAISON- une épaisseur probable de 800 à 1 000m dont 25 à 35 m de charbon. Ce terrain houiller date de l’ère primaire. Il est plus mouvementé et plus plissé que les Alpes et les Pyrénées.
 
    Au –dessous, on trouve des terrains plus anciens, formés de granits et de grès, qui affleurent dans les ARDENNES.

Ce bassin minier du NORD-PAS-DE-CALAIS, dont fait partie EVIN-MALMAISON, forme une unité géologique avec le bassin de MONS-CHARLEROI en Belgique et se prolonge, avec des interruptions, jusqu’aux gisements d’AIX-LA-CHAPELLE et de la RUHR en ALLEMAGNE.

                                                         

 

.La Compagnie des Mines de DOURGES :

La demande de concession minière, formulée en 1848 par Mme DE CLERCQ et M. MULOT, aboutit le 5 août 1852 à un décret octroyant aux demandeurs la concession des Mines de Dourges comprenant les localités citées précédemment.

Le capital de la Société fut fixé à 1 800 000 F, représenté par des actions de 1 000F. La Compagnie reçut le concours financier et technique des Compagnies de VICOIGNE et d’ANZIN qui intervenaient dans le forage des fosses.
L’exploitation commença en 1856, cinq puits étaient en activité.

   


 L’INDUSTRIE HOUILLERE A EVIN-MALMAISON

1. Avant la première guerre mondiale :
Le 4 juin 1909, en vue de l’implantation d’un puits de mine, le bureau de Bienfaisance d’EVIN-MALMAISON offrit à la Compagnie des Mines de DOURGES 1ha 72a 40ca de terres sises sur la section B (parcelles 2-139-185-175-176-312). En échange, la Compagnie donna à la commune la parcelle 245 qu’elle possédait sur la section B d’une contenance d’1ha 5a.
 
- C’est en 1911 que la Compagnie, dans le but de développer son extraction, commença, à EVIN-MALMAISON, la préparation d’un nouveau siège, le huitième, qui devait prendre le nom d’un actionnaire, Emile CORNUAULT. Ce siège était destiné à mettre en exploitation les faisceaux de charbons demi-gras, quart gras et maigres, dans l’angle Nord-Est, encore inexploité, de la concession.
En même temps, commença la construction d’un embranchement pour relier le siège n°8 au rivage de la Société, sur le canal de la HAUTE-DEULE, à NOYELLES-GODAULT. Un pont en fer enjamba le canal.
 
- Dans le second semestre de 1912, on effectue la cimentation de la fosse 8, sur une hausse de 90 mètres. Les sables de la partie inférieure non cimentée furent passés sans trop de difficultés au moyen d’une trousse coupante.
 
- Juste avant la première guerre mondiale, en 1914, le puits n°8 est foncé jusqu’au futur étage de 355m, c’est-à-dire 305 m au-dessous du niveau de la mer.

 Extrait du Journal d'exploitation du siège Cornuault ( du 23/09/1921 au 31/12/1935):

23 septembre 1921: "Reprise des travaux abandonnés depuis le début Août 1914: Nettoyage et préparation de l'avant puits pour le 8 bis. Installation du batiment de cimentation, d'une pompe Berger et son baraquement, du château d'eau et de la sous station électrique"


2. Après la première guerre mondiale :
- Un rapide développement : la reconstruction, consécutive aux démolitions causées par la guerre, va favoriser les industries extractives qui, très vite, vont prendre un essor important. Le 23 septembre 1921, les travaux abandonnés depuis août 1914, sont repris au siège minier d’EVIN-MALMAISON. Jusqu’en novembre 1921, on nettoie et prépare l’avant puits pour le 8 bis. puis on installe un bâtiment de cimentation, une pompe « BERGER », un château d’eau et une sous-station électrique.

Le 1er décembre 1922, on fixe les molettes du puits n°8 bis. Le 19 juillet 1923, on procède à l’installation des cages du puits n°8 .

 Extrait du Journal d'exploitation du siège Cornuault ( du 23/09/1921 au 31/12/1935):

le 3 Novembre 1923: Fonçage du 8 bis: avancement 1,00m à ce jour 161+1,00=162, nous sommes arrivés en terrain houiller

le 4 avril 1924, l’équipe de fonçage du 8 bis descend à 261,60 mètres.

    Dans la semaine du 5 au 10 mai 1924, on extrait 200 tonnes de charbon ; en février 1925, le personnel occupé par la fosse d’EVIN-MALMAISON se monte à 535 (392 pour le fond et 143 pour le jour).

En juin 1925, l’extraction passe à 1498 tonnes par semaine. Le 27 janvier 1928, le puits n°8 est mis en route : il ne sert qu’à l’extraction. Dans la semaine du 11 au 17 mars 1929, on atteint une production record de 8661 tonnes.
  
                                                       

                  Pendant longtemps le seul moyen de traction au fond fut la force du cheval
                                          photo:Fabili ( reproduction interdite)

 
 
- Un nouveau contexte

a) Economiquement, la commune d’EVIN-MALMAISON évolue considérablement. Jusqu’en 1914, elle avait une vocation agricole. Après la guerre, son terroir va être bouleversé par l’exploitation houillère qui modifie profondément la paysage : les deux chevalements du n°8 et du n°8 bis dominent la commune, un long terril coupe la plaine qui s’étendait de la rue de COURCELLES au bois BUTRUILLE, des voies ferrées sillonnent le carreau de fosse et courent de la route de DOURGES jusqu’au canal de la HAUTE-DEULE.

b) Habitat et population : La Compagnie des Mines de DOURGES veut loger et retenir son personnel. En 1925, elle construit la Cité CORNUAULT qui compte environ 450 habitations implantées au Nord-Ouest du territoire. Une partie des paysans deviennent mineurs, mais les volontaires français ne suffisent pas pour l’exploitation. On fait appel à des étrangers : Belges, Italiens, Polonais. Le 15 mars 1931, la fosse d’EVIN-MALMAISON occupe 1286 mineurs (1081 pour le fond et 205 pour le jour).
Ainsi, sur le plan humain, le charbon a été un facteur important de croissance démographique. Par les migrations, proches ou lointaines, qu’il a suscité, il a attiré une population importante qui s’est encore accrue rapidement.
En 25 ans, de 1911 à 1936, la commune d’EVIN-MALMAISON est passée de 1347 à 3446 habitants, soit une augmentation de 155%. L’étude des registres d’état-civil nous permet de noter l’apport en population non indigène au moment de la création des installations minières et leur lieu d’origine : bassin de Valenciennes – Belgique – Italie - Pologne…Il faut rendre hommage à tous ces ouvriers venus de l’extérieur. Habiles et courageux, ils jouiront bientôt de l’estime de leurs employeurs et, peu à peu, s’intégreront à la population évinoise.

c) Crise économique : La reprise économique qui s’est manifesté après la première guerre mondiale a été arrêtée par la crise économique sévissant vers 1930. Bientôt, le chômage apparaît : ainsi, pour motif de crise commerciale, les mineurs de la fosse n°8 d’EVIN-MALMAISON ne travailleront pas les 6, 13, et 27 juillet 1931.

Au début d’avril 1933, éclatent des grèves. Un peloton de gardes mobiles stationne à EVIN-MALMAISON du 2 au 7 avril. Le personnel occupé à la fosse n°8 devient de moins en moins nombreux : entre 1931 et 1935, l’effectif des ouvriers passe de 1286 à 1066.
Quant à l’extraction annuelle, elle tombe pour la même période, de 284 000 à 248 000 tonnes de produits marchands.
 
3. Pendant la seconde guerre mondiale : Depuis juin 1940 jusqu’en août 1944, les mineurs travailleront pour les Allemands. Toutefois, quand ils le pourront, ils ne manqueront pas de faire du sabotage pour diminuer le rendement du charbon.
En mai - juin 1941, ils auront le courage d’organiser la première grande grève nationale contre l’occupant et développeront la lutte clandestine.
 
4. Après la seconde guerre mondiale :
- Nationalisation : moins de trois mois après les combats de la libération, l’ordonnance du 13 décembre 1944, sous le gouvernement du général DE GAULLE, nationalise les Compagnies des Mines qui, depuis, sont dénommées « HOUILLERES NATIONALES » et, plus précisément dans notre région, « HOUILLERES DU BASSIN DU NORD ET DU PAS-DE-CALAIS » (HBNPC), qui
succèdent aux 18 Compagnies propriétaires des Mines.

    

Les Compagnies de COURRIERES, DROCOURT, DOURGES (dont fait partie la fosse d’EVIN-MALMAISON), ne constituent plus qu’un seul groupe : le groupe de BILLY-MONTIGNY.

La nationalisation des Houillères sera votée le 17 mai 1946. Dans des conditions difficiles car la pénurie est générale – mais avec le soutien de toute la Nation, les 200 000 mineurs vont gagner la « bataille du charbon » et contribuer, dans une très large mesure au relèvement économique du pays.

En juillet 1953, la fosse 8 d’EVIN-MALMAISON passe au groupe d’OIGNIES.
 

Un record pour les mineurs d'Evin !!!


Préparation du plan de tir, la mise en place des charges est délicate
photo " Association Le 8 d'Evin"

                          1954: Nous sommes à -531 mètres. Georges Martel ( à droite) fait le point du creusement avec le porion de creusement a. TAVERNIER - Responsable de l'équipe des bowetteurs.




                                                    


 

??-Nous sommes en 1955 à la fosse 8 d'Evin,
voici Alphonse ' ch'meneu d'quèvaux et son ami "Bijou"

 

Février 1956. La fosse 8 bat le record d'avancement en bowette. La bowette Nord a 444 de la fosse 8 a progressé de 352 m dans le mois de février. Cette moyenne de 14m/jour est un nouveau record en ce qui concerne le creusement au rocher dans une mine de charbon de France et peut être même d'Europe.


 

- Article paru dans le journal " Tout venant" mars 1956

 
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Groupe de mineurs à la fosse 8

à 410 m de profondeur où on est en train de décadrer


 

Mineurs à la fosse 8 d'Evin ( 1957)

 abouts evin

Mineurs (abouts)
à la fosse 8 d'Evin ( 1957)


- Grèves : en mars 1963, le pays tout entier est impressionné par une grève qui ne ressemble à aucune autre. Le Nord subit, à son tour, les effets des transformations qui affectent l’ensemble de l’économie française. Les « Gueules Noires » veulent absolument garder leurs caisses de secours et améliorer leurs salaires, alors qu’est présenté le premier plan de récession. En mai 1968, les mineurs sont en grève pendant 35 jours.
 

- La fosse 8 -
 
- En  Mars 1968, le chevalement du puits N°8 est démonté et remplacé par un chevalement de type avant carré porteur à deux poussards équipé de deux molettes superposées de 6,50 m (de diamètre) sur deux planhers différents, ce chevalement a été récupéré sur le puits N° 3ter d'Auchel. Son installation à Evin-Malmaison était équipé de 2 cages à 3 plateaux: poids de la cage vide avec attelage 8700 kg. soit environ 26 homes par plateau = 78 homes par cage. cela permmettait la descente de 700 homes au poste le plus chargé.
 

 
                                                   Vue de la fosse 8  (1970)
on distingue très bien sur cette photo à gauche le chevalement du puits 8 bis, au centre le chateau d'eau et à droite le chevalement du puits N° 8 -en arrière fond le terril conique.



 
- Fermeture du siège : le siège d’EVIN-MALMAISON a été fermé en 1961, mais le personnel a continué à y descendre jusqu’en 1970.

 


                                              R.RENAUX Mineur à la fosse 8


Les cages comportent trois étages pouvant loger chacun 25 ouvriers. La machine qui les actionne à une puissance de 1 750 CV. Depuis l’ouverture du siège jusqu’à sa fermeture, on a remonté 10 494 778 tonnes de charbon. A partir de 1961, les champs d’exploitation ont été repris par le siège de concentration n°10 d’OIGNIES qui a remonté les charbons du n°8 d’EVIN-MALMAISON.




 






 

la fosse 8 d'Evin (1980)





                                                                                 Photo: Jean Pierre Mongaudon





Texte de : Augustin Dutilleul

Président de la Société de Recherches Historiques d'Evin Malmaison

Maire Honoraire -Secrétaire adjoint de l'association

 

 


 




 

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